Tu le sais, j’ai lancé un sondage, il y a plusieurs mois, sur le vaginisme. A la question quelles sont les causes que tu as pu identifier ? les agressions sexuelles arrivent en tête. Vous êtes aussi nombreux.ses à me contacter pour me demander comment s’en sortir. Je pense que c’est un travail à long terme qui nécessite, quand c’est possible, un accompagnement professionnel et mon article ne vise pas à le substituer : il s’agit simplement de te donner quelques clés qui je l’espère pourront t’aider.
Cet article sera le premier d’une longue série parce que le sujet est assez vaste. Dans celui-ci, je te parle du lien entre vaginisme et agression sexuelle. L’idée est de comprendre les mécanismes du vaginisme dans le cadre post agression sexuelle pour pouvoir le déprogrammer et te soigner.
La guérison physique, inutile ?
La tendance majeure qui empêche de guérir est de se jeter sur la guérison physique. Cette réaction est normale : tu n’avais aucun problème avant cet évènement, et tu souhaites retrouver celui.celle que tu étais. C’est d’ailleurs une distinction assez maladroite faite dans les principaux sites qui parlent de vaginisme : il y aurait le vaginisme purement intellectuel (lié à l’éducation, la religion) et le vaginisme physique produit par un évènement extérieur (agression, avortement, accouchement). Il faut comprendre qu’à ce moment-là, même si l’agression est physique, c’est ton mental qui prend le plus gros choc.
Ton inconscient produit alors un vaginisme dit secondaire c’est-à-dire qu’il survient après les premiers rapports sexuels. (Ps : dans de nombreux cas, l’agression se déroule avant ces premiers rapports et rend cette distinction obsolète). L’essentiel à retenir, c’est que ce vaginisme secondaire est une pure réaction face à l’agression. Il est faux de penser que l’agression a fait disjoncter ton corps. En réalité, si ton corps fonctionnait jusque-là bien, il continue de le faire : il continue de faire ce qui lui semble juste pour ton bien-être, simplement il n’a plus la même définition de ce que signifie bien-être.
Le vaginisme est la seule façon pour lui d’exprimer son refus de ce qui s’est passé et la peur que cela se reproduise. C’est une forme de protection. C’est pour cette raison que je déconseille de se tourner d’emblée vers des méthodes comme les injonctions au botox qui tendent à forcer l’entrée. Sans suivi psychologique derrière, tu risques de te confronter à d’autres problèmes au niveau de ta sexualité : car en utilisant ce type de méthodes, tu enlèves simplement à ton corps l’une de ses capacités d’action. Il cherchera donc à nouveau à manifester ce besoin de protection, en contournant tes actions.
Dissocier la pénétration de l’intrusion. C’est pour cela qu’il est nécessaire d’entamer une guérison psychologique. Chaque agression est différente et relève de processus et d’insécurités distincts. Cependant je te propose un axe de réflexion qui me semble convenir dans la majorité des cas : dissocier la pénétration de l’intrusion. Le problème majeur se situe à ce niveau-là. Ton inconscient a associé la pénétration, non seulement à de la douleur, mais surtout à l’idée d’une intervention extérieure. La pénétration devient quelque chose que l’on t’inflige, que tu subis : ce qui te place immédiatement au statut d’objet. La difficulté, c’est que nos imaginaires sexuels reposent en grande partie sur cette idée : le terme même de pénétration l’illustre. Pour guérir, il faut donc réinventer son imaginaire sexuel. Loin des codes repris dans la pornographie traditionnelle, tu peux créer ton propre langage. C’est une façon de renouer avec le désir. L’une des clés est de mettre de côté la violence – même symbolique – et de se placer comme acteur.rice du rapport. C’est pour cette raison que la position de l’Andromaque (tu es au-dessus) est souvent conseillée lorsque tu fais du vaginisme : de prime abord plus compliquée, elle te permet d’être aux commandes, ce dont l’agression t’as dépourvu. Les autres pistes que tu peux traiter dépendent de ton agression : le traumatisme est différent si c’était une personne en laquelle tu avais confiance ou un inconnu ? si ça s’est déroulé sur plusieurs fois voire années ou non ? les réactions auxquelles tu as fait face après jouent aussi beaucoup (est-ce que l’on t’a cru ? est-ce que l’on t’a écouté ? est-ce qu’au contraire tu as été insulté.e, rejeté.e, ignoré.e ?) Le plus simple est de prendre une feuille ou un carnet pour évacuer l’évènement. Essaye de sacraliser ce temps de réflexion pour que ton inconscient y voit un avant et un après. Voici les questions auxquelles tu pourrais répondre : Comment cet évènement a-t-il impacté ma confiance en l’autre ? en moi ? Est-ce que je me culpabilise d’avoir laissé cet évènement se produire ? Est-ce que j’ai coupé les ponts ? Est-ce que mon agresseur est encore dans mon entourage, dans celui de mes ami.e.s ? Qu’est-ce que cette agression dit de moi ? Qu’est-ce qu’elle dit de ma sexualité ? Ce travail là peut aussi être fait avec un.e professionnel.le : si tu ne sais pas à qui en parler, j’ai fait un article sur les ressources gratuites qui peuvent aider, il y a une section dédiée aux agressions sexuelles. Ne l’oublies pas : tu n’es pas seul.e, on te croit et tu as le droit de prendre du temps pour t’en remettre. Un dernier mot pour la fin : Ça fait maintenant un an que j’ai ouvert Journal d’une vaginique et j’étais loin d’imaginer que je m’adresserais à autant de personnes aujourd’hui. Alors merci, merci de lire mes articles chaque semaine, d’écouter, si c’est le cas, mon podcast et de me suivre au quotidien sur les réseaux sociaux. J’espère que mon contenu t’aide et que tu te sens un peu moins seul.e. J’espère surtout pouvoir continuer à le faire, et ça en prend la direction. Merci pour tout,
Xoxo, Maelle Bizet Sablé
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