TW : agressions sexuelles. Consciemment ou inconsciemment, que tu sois concerné.e ou non, le viol peut jouer un rôle dans le développement de ton vaginisme. Dans cet article, je t’explique pourquoi. L’éducation des parents face à l’expérience de la peur. L’éducation des parents a une place centrale dans le développement des troubles sexuels des enfants. La façon dont on parle du viol à la maison notamment est importante. Les parents peuvent influencer la façon dont l’enfant se représentera son corps, sa personne et l’agression (que celle-ci arrive ou non). Les affirmations qui décrédibilisent la victime telles qu’« elle fait ça pour l’argent, parce qu’il est connu », « elle fait ça pour se venger, pour lui nuire », « elle l’a bien cherché, elle était habillée de telle façon » par exemple, ne permettent pas de construire un cadre sécurisant pour l’enfant : il aura plus facilement tendance à se sentir coupable et honteux. De la même façon, si le viol n'a jamais été un sujet abordé, l'enfant aura d'avantage tendance à se sentir isolé et coupé du monde. D’autant plus qu’en grandissant, l’enfant se rend rapidement compte que le viol est très proche. Arrivées à l’adolescence, les jeunes filles font face à la multiplication des micro-agressions à la fois dans la rue et sur internet : regards constants sur soi, frottements dans les transports en commun, commentaires sur l’apparence, filatures, dickpics non consenties… Le problème de l’éducation reçue se pose. Si l’enfant a grandi dans un climat qui condamnait ou remettait en question la parole des victimes (jusqu’à insinuer qu’elles étaient en partie responsables) quel regard porte-t-il sur sa propre situation ? Le développement du vaginisme. C’est là que le vaginisme intervient. Le vaginisme est une façon pour la personne concernée de se prouver à elle ainsi qu’à son entourage, qu’elle ne l’a pas cherché. Je récapitule pour que ce soit clair. D’un côté, une peur constante de se faire violer (peur légitime face aux micro-agressions constantes), de l’autre côté, un discours culpabilisant qui soutient qu’une fille bien ne se mettra pas dans des situations menant au viol. Qu’est-ce qu’on obtient ? Un corps qui se défend en manifestant son refus de la pénétration. C’est pour cela que très régulièrement des personnes m’écrivent pour me dire « qu’elles n’ont rien vécu » et qu’elles ne comprennent pas d’où vient leur vaginisme : si tu as grandi en tant que femme, tu as sûrement déjà fait l’objet de micro-agressions, tu as sûrement déjà eu peur d’être violée. L’omniprésence du viol dans la vie d’une femme (bien que ça ne touche pas exclusivement les femmes) inscrit ce risque dans son conscient, dans son inconscient, et il n’est ainsi pas illogique que celui s’imprime aussi dans son corps. L’imaginaire du viol… Comment on s’en libère ? Le plus malsain est que le viol fait partie intégrante de notre pop culture : le film 365 jours, la série Game of thrones, la chanson Blurred lines… les représentations de viol se mêlent parfois dangereusement avec les représentations d’une sexualité classique. C’est aussi énormément le cas dans la pornographie, je t’avais déjà fait un article sur le sujet. Le corps peut ainsi désirer ce qu’il craint et craindre ce qu’il désire. Mais alors comment on s’en sort ? J’ai envie de vous proposer régulièrement des exercices pour compléter les articles de la rubrique réflexions, car beaucoup d’entre vous sont en manque d’inspiration du côté de la guérison psychologique et font l’impasse dessus. N’étant pas encore psychologue, ces exercices sont simplement des créations personnelles qui, je l’espère, pourront vous aider un peu. Un exercice pratique que je te propose de faire à la maison est celui des deux cercles d’association. Le principe ? Tu listes dans un cercle tous les termes qui se rapportent à ta sexualité (et même à ta vision de la sexualité en générale). Tu listes dans un second cercle les termes qui se rapportent à ton imaginaire de l’agression. Je t’ai proposé un exemple en guide d’illustration, il est très peu rempli pour éviter d’influencer celui que tu réaliseras. Le but ? Les termes que tu retrouveras à la croisée des deux cercles (ici les douleurs et la peur) sont souvent révélateurs. L’omniprésence des agressions sexuelles dans nos quotidiens et dans nos représentations influence souvent notre perception de notre sexualité. Lors de ta guérison, il pourra être intéressant de redéfinir les bases de ta sexualité, en prenant le temps de séparer consciemment les notions qui ne s’y rapportent pas.
So, on retient quoi ? C’est important d’interroger ce qui construit notre sexualité. Les agressions sexuelles font définitivement partie de notre socialisation et le comprendre ce n’est pas vivre dans la peur, mais ça permet au contraire de s’en libérer. Si tu veux pousser plus loin la réflexion, je te conseille le livre Une culture du viol à la française de Valérie Rey-Robert qui étudie en long et en large le phénomène. à la semaine prochaine, xoxo, Maelle Bizet Sablé.
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