Aujourd’hui, on va parler du rôle crucial de la famille dans la formation de ton vaginisme. Quand tu consultes un psychologue, l’enfance est souvent le point de départ ou d’arrivée de votre échange. Quelle éducation as-tu reçu ? Quel type d’enfant étais-tu ? Quel rôle tes parents ont-ils pu tenir dans le développement de ton trouble ? Si tu tentes de te soigner par tes propres moyens, cet article vient t’apporter des clés pour construire cette réflexion. PS : si ton cadre familial ne correspond pas aux modèles que j’évoque, ce n’est pas un problème. Remplace simplement le terme « parents » par les personnes qui t’ont accompagné dans ton enfance. Les trois piliers de sensibilisation à la sexualité. Pourquoi, face aux mêmes situations, certaines personnes développent du vaginisme et d’autres non ? La réponse peut se trouver dans l’enfance de la personne concernée. A l’adolescence tu as sûrement construit ton rapport à ta sexualité, en te basant à la fois sur ce que tu expérimentais et sur ce que tu observais autour de toi. Pourtant, cette construction a commencé en amont, à travers l’un de tes premiers cercles de socialisation : ta famille. C'est elle qui t’a permis dans un premier temps de te positionner face à ta sexualité. Or ce positionnement a pu encouragé le développement de ton vaginisme. J’ai identifié trois piliers qui déterminent au sein de la famille, le rapport de l’enfant à la sexualité : le contexte familial, les valeurs familiales et l’éducation transmise. Le contexte familial, c’est l’environnement dans lequel tu as grandi : un enfant, qui voit ses parents divorcer à la suite de tromperies par exemple, peut intégrer l’idée que la sexualité blesse les gens. Les valeurs, c’est tout ce que tes parents ont valorisé et dévalorisé dans ton enfance. Par exemple, un enfant qui entend à plusieurs reprises que la virginité est importante et à conserver, peut consciemment et inconsciemment condamner moralement la sexualité. Enfin l’éducation sexuelle, c’est ce que tes parents t’ont appris sur la sexualité. Ce n’est pas parce que la sexualité n’est pas condamnée dans une famille, qu’elle est enseignée. La méconnaissance de son corps et l’absence d’informations peuvent causer tout autant de dommages chez l’enfant. Je t’invite à utiliser le schéma ci-dessous pour ta propre famille. Pour ce qui est des valeurs, la culture du viol dont j’ai parlé dans la précédente newsletter joue évidemment un rôle central dans le rapport de l’enfant et de l’adolescent à sa sexualité. Je t’invite à utiliser le schéma ci-dessous pour ta propre famille. Le développement du vaginisme. C’est là que le vaginisme intervient. Le vaginisme est une façon pour la personne concernée de se prouver à elle ainsi qu’à son entourage, qu’elle ne l’a pas cherché. Je récapitule pour que ce soit clair. D’un côté, une peur constante de se faire violer (peur légitime face aux micro-agressions constantes), de l’autre côté, un discours culpabilisant qui soutient qu’une fille bien ne se mettra pas dans des situations menant au viol. Qu’est-ce qu’on obtient ? Un corps qui se défend en manifestant son refus de la pénétration. C’est pour cela que très régulièrement des personnes m’écrivent pour me dire « qu’elles n’ont rien vécu » et qu’elles ne comprennent pas d’où vient leur vaginisme : si tu as grandi en tant que femme, tu as sûrement déjà fait l’objet de micro-agressions, tu as sûrement déjà eu peur d’être violée. L’omniprésence du viol dans la vie d’une femme (bien que ça ne touche pas exclusivement les femmes) inscrit ce risque dans son conscient, dans son inconscient, et il n’est ainsi pas illogique que celui s’imprime aussi dans son corps.
La confiance en soi et en l’autre. En matière de sexualité, on répète souvent que la confiance dans son corps est importante. Oser se mettre à nu devant quelqu’un n’est pas un acte anodin. Certaines personnes sont plus à l’aise que d’autres, certaines trouvent des alternatives comme éteindre la lumière, d'autres encore préfèrent ne pas tenter l’expérience. Mais la sexualité ne se limite pas au fait d’accepter ou d’aimer son corps, elle fait appel à la notion de confiance en soi, au sens large du terme. La confiance en soi c’est globalement la perception que tu as de tes propres capacités. La sexualité est un domaine qui implique non seulement la notion de confiance en soi mais aussi de confiance en l’autre : puisqu’il s’agit de faire et de laisser faire, de susciter et de ressentir. C’est là que la famille joue un rôle. Les parents sont souvent la première instance permettant de construire la confiance en soi et en l’autre. Que ce soit par leurs paroles, leurs actes ou leur présence (et à contrario leur absence), ils fondent le socle qui permettra à l’enfant de s’épanouir. Pour ce qui est de la confiance en soi, si l’enfant grandit dans un climat de confiance, sa sexualité aura moins tendance à déterminer sa valeur. En revanche, s’il grandit dans un milieu hostile, il aura d’avantage tendance à douter de sa personne, et ce doute s’exportera ainsi au domaine de la sexualité. Pour ce qui est de la confiance en l’autre, le parent peut provoquer chez l’enfant une méfiance à l’idée d’être intime avec quelqu’un ou au contraire l’encourager à nouer et entretenir des relations. Ce socle de base n’est pas définitif et d’autres évènements peuvent évidemment entrer en ligne de compte. So, on retient quoi ? J’enfonce des portes ouvertes en disant que le cadre familial est essentiel dans le développement de l’enfant et de ses troubles. Si tu fais du vaginisme, c’est utile lors de ta guérison de comprendre l’influence de ton entourage, notamment pour pouvoir t’en libérer. Ça ne veut pas dire renier sa famille mais plutôt soigner les failles qu’ils t’ont potentiellement transmis, consciemment ou non, pour pouvoir t’épanouir.
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