Peut-importe la guérison que l’on entame ou les difficultés que l’on traverse, la question se pose de savoir à qui en parler et comment. Dans le cas de troubles sexuels, le/la partenaire apparait constituer la personne la plus concernée et à qui il faudrait naturellement se confier. Plus que ça, le/la partenaire semble avoir un rôle à jouer dans le processus même de guérison.
En parler ou pas ?
Première question essentielle, est-ce qu’il faut parler du vaginisme à son ou sa partenaire ? A mes yeux, oui. Chacun fonctionne selon propre ressenti, et selon ce qui lui convient le mieux, ma façon de voir les choses n’engage donc que moi : s’il est primordial de garder une partie de son intimité pour soi et de ne pas s’abandonner à l’autre, parler du vaginisme m’apparaît constituer un acte non négociable.
Il faut en parler d’abord parce que c’est difficile d’entretenir une relation sur un non-dit, surtout sur un sujet aussi important que celui de la sexualité. Ensuite le rapport sexuel peut représenter pour la femme vaginique le lieu d’une grande souffrance et il faut préparer son.sa partenaire à l’affronter.
En même temps, il est difficile de parler de certains sujets avec lesquels on n’est pas à l’aise, y compris avec des personnes proches. Pour ma part, je ne l’ai jamais dit dans mes relations, et si mes partenaires en sont venus à l’apprendre, ça a toujours été contre ma volonté : je suis donc très mal placée pour vous juger de ne pas le faire. Ce qui peut être un bon compromis, c’est de parler de vaginisme, sans en évoquer les causes ou sans entrer dans les détails. Vous ne devez rien à votre partenaire et il est possible de vouloir totalement séparer ses problèmes et sa vie amoureuse.
Le partenaire qui aide.
Que ce soit dans les médias, dans la littérature ou le cinéma, les représentations d’un partenaire qui nous accompagne dans chaque aspect de notre vie ne manquent pas. Et il est normal d’attendre de son partenaire qu’il soit un soutien dans les moments difficiles. Ce qui n’est pas normal c’est d’attendre de lui qu’il soit la solution. Votre partenaire n’a pas les réponses et en voulant vous aider, il peut participer à produire l’effet inverse. Il faut parvenir à guérir en étant le moins dépendante de facteurs extérieurs, pour éviter d’être totalement démunie si ces facteurs venaient à manquer. En bref, il faut se reposer sur soi, avant de se reposer sur quoi que ce soit d’autre, car votre partenaire ne sera pas toujours là.
De plus, un des risques en impliquant son partenaire dans le processus de guérison, est que le partenaire représente une pression, un individu auquel vous ayez des comptes à rendre. Ce n’est pas le cas. La guérison peut prendre du temps et votre partenaire doit pouvoir l’accepter. Son insistance à aller plus vite, ne pourrait que renforcer votre vaginisme.
Ça me semble nécessaire de faire un point sur les relations lesbiennes pour parler des troubles dans la sexualité et de la façon dont un couple peut les gérer. Si les femmes sont réputées plus à l’écoute, plus attentives au besoin de l’autre, ce n’est pas une science exacte. En réalité, les femmes peuvent exercer un frein important face à la guérison : puisqu’elles sont munies d’un vagin, elles peuvent affirmer s’y connaître. Or tous les vagins sont différents, et le rapport à sa sexualité, n’est pas uniquement défini par son sexe. Aussi, si votre partenaire est à l’aise avec son corps, veillez à ce qu’elle n’occulte pas vos expériences personnelles.
Le partenaire principal c’est soi-même.
Il est important surtout lorsqu’on parle de troubles sexuels, de s’écouter soi. En règle générale, tu es la meilleure personne pour t’aider. Si tu entames une guérison sans accompagnement médical, c’est d’autant plus important de pouvoir s’accorder des moments intimes, sans aucune pression extérieure. Guérir seule, c’est une occasion de se retrouver avec soi, de connaître et comprendre son corps, ses appréhensions. C’est également dans un couple important de se laisser de l’espace. La guérison peut être l’occasion de reprendre le contrôle et de gagner en indépendance. Le partenaire peut aider durant les exercices de relaxation, mais ce n’est pas à lui de les instaurer. C’est pourquoi à mes yeux, la guérison ne peut que s’effectuer seule.
Alors avec ou sans ?
Mais il n’y a pas de réponse toute faite, chacun compose avec ce qu’il a. On dit des femmes vaginiques qu’elles choisissent souvent des partenaires doux qui les rassurent, les écoutent, les soutiennent : c’est une façon pour le/la partenaire de s’inclure dans la guérison. L’essentiel n’est pas tant qu’elle soit d’une grande aide, mais qu’elle soit là, tout simplement. Plutôt que de chercher dans votre partenaire une aide directe, chercher plutôt un allié, un support. Votre partenaire, du fait d’immenses tabous autour de la sexualité des femmes, aura sûrement beaucoup à apprendre de ce que vous traversez.
L’inviter à se renseigner, est la meilleure façon de faire les choses à deux, sans négliger les moments à soi, et sans ressentir de pression de sa part !
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