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La vulve, culpabilisation et hypocrisie.

On entend souvent qu’une des causes les plus répandues de vaginisme est la mauvaise connaissance de son corps. Mais ça signifie quoi concrètement ?

Plusieurs scandales ont éclaté au sujet d’influences faisant la promotion de pratiques ou de produits intimes problématiques. Dans la presse, on a rapidement affirmé que leurs stories étaient dangereuses pour l’éducation sexuelle des jeunes filles qui les regardent. Pourtant les influenceuses n’inventent rien : elles perpétuent simplement ce qu’on leur a inculqué. « C’est pas beau » L’aspect physique, aka Maeva Ghennam. Je ne sais pas si tu l’as vu passé sur les réseaux sociaux, mais je bosse en ce moment pour Le point Q, un média consacré à démystifier les sexualités. A cette occasion, j’ai eu l’occasion d’interviewer @Mashasexplique et ce qui m’a particulièrement marqué dans son parcours, c’est son mal-être, plus jeune, face à l’apparence de sa vulve. Masha est allée jusqu’à consulter parce qu’elle avait des lèvres asymétriques. Elle a aussi fait du vaginisme (pas forcément lié à ce complexe) alors certain.e.s peuvent se reconnaître en elle. Le vaginisme repose sur une association entre pénétration et croyances négatives. Avoir peur de déplaire, stresser du regard de l’autre, ne pas aimer son corps, tous ces éléments peuvent favoriser le vaginisme. Si c’est ton cas, tu n’es pas responsable de ce désamour : Comment être à l’aise avec son corps quand il est sans cesse décrié ? Nos sociétés occidentales reposent sur l’éloge malsain d’une vulve complètement épilée, où les petites lèvres ne dépassent pas. Je dis malsain, parce que ces critères appartiennent en partie à l’imaginaire infantile : une femme réglée a des poils et c'est normal. Et pour la longueur des lèvres, c’est à chacun son chacun, toutes les vulves sont uniques. Je pense qu’il y a une forme d’hypocrisie à condamner les propos de Maeva Ghennam et surtout ceux de son chirurgien, quand ils ne sont que la retranscription d’attentes transmises dans le porno, et pas seulement. A titre d’exemple, j’ai fait l’objet des mêmes types de compliment par ma précédente gynéco : le fait d’être une femme qualifiée et diplômée ne libère donc d’une conception toxique du corps féminin. Ta vulve ne devrait pas répondre à des critères de beauté, elle est déjà bien assez utile.



« C’est trop large », L’aspect pratique, aka Sarah Fraisou.

Plus récemment, c’est Sarah Fraisou qui a fait un placement de produit pour des gélules censées resserrer le vagin. C’est évidemment faux et ton vaginisme en est la preuve. Le vagin est serré lorsque les muscles de ton périnée sont contractés : la seule option possible pour contrer l’élargissement post-partum, c’est les exercices de musculation du périnée comme ceux de Kegel (mais ça ne garantira aucune fidélité). Je trouve que cet exemple expose très bien les difficultés pour comprendre et guérir du vaginisme : très peu de concerné.e.s comprennent véritablement comment il fonctionne puisque très peu comprennent le vagin lui-même. Avec ce type de produit, on a l’impression que le vagin serait passif lors du rapport sexuel, or ce n’est pas le cas. Je trouve que c’est le problème du discours autour des dilatateurs, il faudrait se détendre, s’ouvrir à tout prix. A mes yeux, il faut plutôt comprendre ces muscles, les ressentir pour pouvoir les relâcher.

PS : Les représentations d’un vagin trop serré ou trop large sont aussi reprises dans les clichés racistes du porno, si ça t’intéresse, je t’en parle dans cet article-. Encore une fois, ce n’est pas l’influenceuse qu’il faut blâmer mais le producteur. D’une part, parce que c’est de la publicité mensongère et d’autre part parce que ça véhicule des attentes physiques qui n’ont aucun sens. Enfin si elles ont un sens, celui de correspondre au regard masculin aka le male gaze. Le vagin serait trop large par rapport à quoi ? Le pénis masculin ? Dans ce cas, pourquoi ce serait au vagin d’être trop large et non au pénis d’être trop petit ?


« Ça pue », L’aspect sensoriel, le spa vaginal sur Tiktok.

La dernière tendance problématique sur les réseaux sociaux, c’est celle du bain de vapeur pour la vulve aka spa vaginal. Pourquoi c’est problématique ? Parce que le vagin, c’est connu désormais, est autonettoyant. Tu as juste besoin de rincer ta vulve avec de l’eau pour enlever la transpiration et le smegma, rien de plus. Cette tendance est largement critiquée parce qu’elle vient de communautés minoritaires et de Tiktok, mais la source du problème existait déjà en occident et bien avant les réseaux sociaux. Tu le retrouves dans les pubs de soins intimes qui te promettent de te faire sentir bon, comme si le vagin devait avoir une odeur particulièrement lisse. L’odeur est un complexe créé de toutes pièces que l’on ne retrouve pas chez les hommes et à trop vouloir l’éliminer certain.e.s développent des infections à répétitions qui produisent l’effet inverse. Alors encore une fois, il faut faire attention et ne pas blâmer les clientes. Ce n’est pas parce que des femmes consomment ou font la promotion de produits dangereux, qu’elles ne sont pas moins concernées par des injonctions patriarcales culpabilisantes. A mon avis, il faut interroger les producteurs, et leur façon d’alimenter des complexes pour générer du profit. So, on retient quoi ? Ta vulve et ton vagin ont une utilité. Prends un miroir, observe, identifie, apprends à aimer ou simplement à relâcher la pression. Les connaître c’est mieux appréhender ton corps : c’est l’un des éléments essentiels de ta guérison. Si tu te rends compte que tu ne connais pas forcément ton corps je vais donner prochainement un cours sur la vulve, le vagin, les sécrétions vaginales et plein d’autres choses hyper intéressantes au PIJ de la poterne, si tu veux en savoir plus, ça se passe sur instagram.


Xoxo,

Maelle Bizet Sablé.

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