« Si tu veux soigner ton vaginisme, change de partenaire. » Tu as sûrement déjà entendu cette phrase. Elle est utilisée par des personnes qui ne sont pas concernées pour mettre en avant la responsabilité de ta relation de couple dans ton trouble, mais pas seulement. Certaines personnes atteintes de vaginisme, de mycoses à répétition, de vulvodynie attestent que parfois changer de partenaire, ça permet d’aller mieux. Dans cet article, on tente de comprendre pourquoi.
Quand le corps envoie un signal d’alarme.
Il n’est pas rare que des personnes développent du vaginisme lors d’une relation de couple. L’élément déclencheur peut être clairement identifié (à la suite d’une tromperie par exemple) ou assez abstrait. Le vaginisme joue un rôle de signal d’alarme. Il te fait comprendre que ce que tu refuses de voir, lui il le perçoit. Dans le cadre d’une infidélité, il t’indique que ton corps n’est plus assez en confiance pour avoir des rapports avec la personne en face. Plusieurs abonné.e.s me parlent des disputes que crée le vaginisme au sein de leur couple. Si tu es dans un environnement dans lequel tu ressens une pression à te soigner le plus vite possible, ton corps peut aussi renforcer son blocage. Dans cet article, je ne parlerais pas énormément d’abus physiques et psychologiques dans une relation de couple, mais si le sujet t’intéresse je te conseille le podcast journal d’une survivante, dans lequel l’invitée nous parle de son expérience avec la figure du pervers narcissique. Elle parle notamment du vaginisme secondaire qu’elle a développé à la suite d’expériences traumatisantes.
Relations toxiques : les uniques responsables ?
Sur les réseaux sociaux, on parle beaucoup de toxicité. Il est vrai qu’il est difficile voire impossible de soigner son vaginisme si tu n’es pas dans un environnement sain. Pourtant ton/ta partenaire n’a pas besoin d’être toxique pour que tu développes du vaginisme, souvent c’est plutôt la nature de votre relation qui entre en jeu. Pour te situer, tu pourrais commencer par répondre à ces questions : Est-ce que je me sens bien dans cette relation ? Est-ce que notre relation est sécurisante pour moi ? Est-ce que j’ai confiance en mon/ma partenaire ? Est-ce que mon identité est respectée ? Est-ce que j’existe pleinement ? Est-ce que je me sens libre ? Est-ce que mon/ma partenaire peut provoquer en moi des sentiments de honte, de culpabilité ? Est-ce que j’ai peur de ne pas satisfaire mon/ma partenaire ? Est-ce que je subie le désir de mon/ma partenaire ? Il est nécessaire ensuite de pousser la réflexion en menant une introspection sur soi, et non plus seulement sur sa relation : car tu peux cocher tous les feux verts et quand même avoir des difficultés sexuelles avec ton/ta partenaire. A la question « Est-ce que j’ai peur de ne pas satisfaire mon/ma partenaire ? » Tu as peut-être répondu oui. Si c’est le cas, qu’elle est l’origine de cette peur ? Le schéma en dessous pourra t’aider à y répondre.
Dois-je me séparer ? C’est important de le rappeler mais quitter son/sa partenaire, ça ne soigne pas le vaginisme. Ça marche dans les cas de vaginisme secondaire où il/elle est la cause de ton blocage, mais rarement dans les cas de vaginisme primaire où l’origine du problème dépasse ta simple relation. Si je fais du vaginisme en couple, est-ce que ça signifie que mon couple est voué à l’échec ? Si tu es dans une relation dans laquelle tu ne te sens pas respecté.e (toxique ou non), la réponse est probablement oui. Pas parce que ça va soigner ton vaginisme, mais plutôt pour éviter de le renforcer et parce que si tu te poses la question, c’est peut-être que tu as conscience, au fond, de ne pas être épanoui.e dans cette relation. J’ai reçu un témoignage assez intéressant sur le sujet : une abonnée avait développé du vaginisme dans une de ses relations. Une fois séparée, son vaginisme revenait à chaque fois que d’autres relations devenaient sérieuses. En changeant de partenaire, elle contournait le problème pendant un temps, sans parvenir à le résoudre définitivement. Est-ce qu’elle ressentait une culpabilité à construire une nouvelle relation ? est-ce qu’elle avait peur de l’engagement ? est-ce que son corps n’était pas prêt à faire confiance à nouveau ? Il y a plein de raisons possibles qui peuvent expliquer son blocage, mais ce qu’il faut retenir c’est qu’elle a habitué son corps a fonctionné de cette façon. Le vaginisme manifeste une peur à l’égard de quelque chose. Ton/ta partenaire peut, sans le vouloir, incarner ce quelque chose. Le quitter, c’est éviter la peur, ce n’est pas apprendre à l’apprivoiser. So, on retient quoi ? Le vaginisme est un signal d’alarme. S’il se manifeste dans une de tes relations, il peut mettre le doigt sur un problème que tu ne perçois pas toi-même, en tout cas pas consciemment. Cependant si cette relation est un déclencheur, sa fin pourrait ne pas marquer un retour à la normale. Si c’est ton cas, il faut tenter de comprendre ce qui se jouait réellement en toi, derrière cette relation. à la semaine prochaine, xoxo, Maelle Bizet Sablé.
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