Pourquoi je dis non aux dilatateurs ?
- Maelle Bizet Sable
- 21 sept. 2021
- 3 min de lecture
C’est une question qui revient souvent quand j’en parle autour de moi : pourquoi je suis tant opposée aux dilatateurs alors que c’est LA méthode recommandée pour guérir du vaginisme ?
Histoire des dilatateurs.
Qu’est-ce qu’un dilatateur ? C’est avant tout un dispositif médical. Il ne s’agit donc pas de dire qu’il n’est pas efficace mais plutôt de l’interroger. Car s’il est utile pour un grand nombre, beaucoup de personnes vaginiques se plaignent de la difficulté qu’elles rencontrent à s’en servir. Et malheureusement pour elles, ce dispositif est le seul à être recommandé.
Mais d’abord, d’où viennent les dilatateurs ? Les premiers avaient pour vocation d’ouvrir le vagin, au sens très concret du terme. Ils ont été créés afin d’aider les personnes concernées par le Syndrome MRKH, c’est-à-dire les individus munis de trompes et d’ovaires mais pas de vagin : pour qu’ils puissent posséder cet organe, on le crée grâce à des méthodes chirurgicales, et les dilatateurs servent ensuite à le rendre « fonctionnel ». Les premiers datent de 1938, et c’est un certain Frank RT qui en fit le témoignage lors de la description détaillée de l’opération. C’est donc sous le regard masculin que sont conçus les prototypes de ce qui deviendra par la suite, l’outil de guérison principal des personnes vaginiques.
Donner une seule méthode ? Pourquoi faire ?
Les personnes vaginiques ont besoin de la médecine, mais la médecine ne fait pas loi, surtout si elle ne se renouvelle pas. Et c’est le problème. Un seul outil est proposé pour guérir les femmes vaginiques, or il n’y a pas une seule façon de travailler le périnée, ni une seule façon d’entamer une guérison. Lorsque le dilatateur est associé dans l’esprit de la personne vaginique à quelque chose de négatif, c’est très difficile pour elle de l’en dissocier : elle se retrouve donc complètement démunie car d’autres solutions ne lui sont pas proposées. Ce problème pourrait être résolu en variant les méthodes, et les outils à insérer.
Petite parenthèse sur le prix.
J’étais obligée de faire un petit point sur le prix. Lorsqu’il s’agit de troubles sexuels, il a tendance à extrêmement augmenter. Ainsi si la majorité des dilatateurs sont entre 30 et 50 euros, certains montent à presque 100 euros, sans qu’aucune valeur ne soit ajoutée. Si vous décidez d’en acheter, ne tombez pas dans le piège de cette surenchère et prenez celui qui, selon vous, possède le meilleur rapport qualité/prix.
Le fonctionnement du dilatateur.
Concernant le fonctionnement du dilatateur, il s’agit pour la personne vaginique de se concentrer afin de le faire entrer, de l’introduire à l’intérieur du vagin, comme un tampon. Le périnée effectue alors un seul mouvement, celui d’ouverture : il n’est donc travaillé que d’une seule façon. A l’inverse, l’œuf de Yoni par exemple permet de travailler à la fois l’ouverture, la fermeture et la contraction, parce qu’il ne s’agit pas simplement de l’insérer. Il est une méthode de reprise de contrôle total du périnée, c’est pour ça que je le trouve plus adapté aux personnes vaginiques. Mais je t’ai déjà fait un article dessus, si tu veux checker ça, c’est juste là.
Le message du dilatateur.
Le message implicite derrière le dilatateur, c’est que la femme vaginique doit s’ouvrir de plus en plus pour faire entrer le dilatateur le plus large, qui correspond justement à la taille moyenne d’un pénis. Juste une coïncidence ? Le dilatateur ramène encore le pénis au statut de référence. Il invisibilise ainsi les personnes Lgtbq+ en faisant du schéma hétérosexuel la norme. On peut vouloir guérir du vaginisme sans considérer la pénétration par un homme comme une option, et c’est tout à fait ok.
So, qu’est-ce qu’on retient ?
Il ne s’agit pas de diaboliser les dilatateurs, mais plutôt de nuancer leur efficacité. C’est la recette toute prête qu’on répond aux personnes vaginiques, or individuellement chacun.e devrait être en mesure de disposer d’un véritable choix. Il n’y a pas une seule façon de penser la guérison, il ne devrait pas avoir un seul outil la mettre en pratique.
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