Par Maelle Bizet Sable.
Comment sortir de cet état où l’on souhaite guérir mais sans pourtant passer à l’action ?
Souvent entre le moment où l’on prend conscience du problème et celui de sa résolution se déroule des semaines, des mois, des années même, sans que rien ne passe de véritablement probant. Ce n’est pas un manque de volonté mais plutôt un mouvement de stagnation dans lequel il est facile de tomber. Pour en sortir, il faut dans un premier temps tenter de comprendre pourquoi on procrastine. Peur de l’échec ? Peur de la réussite ? J’ai dédié un article aux raisons profondes de la procrastination, c’est juste ici. Parfois c’est juste temporaire : des périodes de vide dans lesquelles on n’arrive que pas ou peu à progresser. Parfois c’est au moment de se lancer, parce qu’on ignore par où commencer. Pour chaque cas, pas d’angoisse, c’est à la portée de chacune de s’en sortir, il suffit juste d’adopter les bons réflexes.
Adopter une routine.
Pour arrêter de procrastiner, la solution la plus efficace est de se fixer des temps consacrés exclusivement à la tâche à accomplir. Il en va de même pour la procrastination liée au vaginisme. Ça peut être le matin, avant de commencer sa journée, prendre le temps d’écrire ou d’explorer la relation que l’on entretient avec son corps. Ça peut être aussi en fin de journée pour faire le bilan. L’essentiel est que vous soyez sûres que vous ne pourrez pas y déroger. Ce temps il faut le considérer comme non négociable. Si un rythme journalier vous paraît impossible à mettre en place, n’hésitez pas à choisir des moments le week-end ou un jour particulier de la semaine. Au début, adopter une routine peut sembler trop contraignant mais à force l’acte devient plus naturel.
Cependant même si la routine est la solution la plus efficace, elle ne doit pas vous dégouter ou être une source de pression. La guérison doit être une occasion de se reconnecter à soi, de se détendre : elle ne doit pas constituer un nouvel objectif à atteindre. Autrement dit, guérir ne peut se penser que comme un processus visant à vous faire du bien. Il ne s’agit pas de mesurer l’efficacité de vos séances, votre productivité. Il est très difficile de penser la guérison comme un rapport au temps. Vous n’avez aucun travail à rendre. Si vous adoptez une routine et que vous ne vous y fixez pas, il n’y a donc aucune raison pour que vous culpabilisiez. Souvent, le fait même de bloquer sur la guérison est quelque chose de révélateur sur ce qui dans la pénétration vous angoisse vraiment.
Rendre la guérison plaisante.
La guérison est souvent quelque chose que l’on appréhende comme une source de douleurs, de stress ou même d’ennuis. Pour ne pas être tentée de procrastiner, il faut faire des séances de guérison quelque chose d’agréable. Si guérir devient un plaisir, il y aura tout de suite moins de chances laissées à la procrastination. Mais comment faire ? Vous pouvez être très instagrammeuses et remplir votre pièce de bougies, si c’est ça qui vous détend. Vous pouvez aussi mettre de la musique, le faire devant un film, une série. En bref, il faut que cette activité ne soit pas seulement un acte purement « médical », mais que vous y trouviez un intérêt. Parfois juste le silence, lorsqu’on a passé la journée dans le bruit, peut être source de plaisir. Il sera lors de certaines étapes essentielles pour prêter attention de façon totale à son corps et à ce que l’on ressent.
Est-ce que les plaisirs solitaires peuvent être le moment de guérison ? Je reviendrais dans un prochain article sur les deux approches d’une guérison, mais pour faire simple, il n’y a pas d’interdits. Chaque femme crée sa propre guérison. Si la masturbation peut vous aider à y parvenir, dans ce cas il n’y a aucun empêchement. Cependant beaucoup de femmes (y compris les femmes vaginiques) font de la masturbation non pas un acte de pénétration, mais une stimulation de la partie extérieure de leur anatomie. Ce faisant, la masturbation ne peut régler le problème du vaginisme. De plus pour les femmes vaginiques qui ont du mal à s’ouvrir hors moments intimes (tampon, consultation médicale), la guérison doit s’accentuer sur un contrôle du périnée qui ne soit pas lié à l’excitation sexuelle. Ce type d’approche est nécessaire lorsque vous êtes capables de vous ouvrir avec votre partenaire mais pas face aux personnels de santé.
Le faire avec quelqu’un.
La dernière solution contre la procrastination est de trouver la motivation dans son entourage. Si vous n’avez pas de proches à qui en parler, n’ayez pas peur de chercher quelqu’un sur les réseaux sociaux. Il y a de nombreuses pages Instagram sur le vaginisme, et bien souvent les abonnées en souffrent également. Avoir une partenaire de guérison peut se révéler bénéfique pour échanger et se motiver. Parler à quelqu’un de concerné permet d’éviter les préjugés sur le vaginisme, et de sortir de la solitude. C’est aussi un moyen de voir les difficultés auxquels sont confrontées les femmes vaginiques, et les solutions qu’elles ont trouvé pour y remédier.
Attention cependant, guérir du vaginisme n’est pas une compétition. Et si l’une fait des progrès, l’autre ne doit pas se sentir mal de ne pas y arriver. De plus, cette guérison consiste à reprendre possession de son corps à soi, le comprendre, l’écouter. Le collectif ne doit pas supplanter les moments en solitaire, lesquels sont essentiels.
Évacuer la pression.
Si vous ne guérissez pas, si vous avez une perte de motivation, utilisez ces conseils mais ne vous mettez pas la pression. Le stress n’est pas la cause du vaginisme – comme on l’entend souvent – mais plutôt un facteur aggravant. Alors détendez-vous, relâchez la pression. Guérir est un objectif seulement si cet objectif vous fait du bien. Ça prendra le temps qu’il faudra mais vous y arrivez. Le vaginisme est loin d’être une fatalité.
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