Dans les retours que je reçois vous êtes plusieurs à m’écrire que la douleur pèse sur votre relation et à me demander des conseils pratiques et des méthodes à suivre. Une solution pour impliquer ton.ta partenaire est de mettre en place des exos de guérison à faire à deux. J’ai donc créé cette séance pour pratiquer la pénétration de façon saine et guidée.
Petit rappel : Dans cet article, je parlerai de sexualité pénétrative mais elle n’est pas la seule sexualité possible. Si ton.ta partenaire te met la pression, c’est à elle.lui de se remettre en question.
Se regarder (5min)
Alors j’ai mis des temps pour chaque étape, mais ils sont totalement arbitraires, il ne faut pas pratiquer montre en main la séance : c’est ma façon de te montrer que ce qu’on a coutume d’appeler « préliminaires » aka la sexualité non pénétrative ne compte pas moins que le reste. J’ai fait ça sur le modèle d’une heure mais ça prend en général beaucoup plus de temps et c’est normal.
L’importance du regard, se regarder soi et l’autre, est emprunté au sexe tantrique. C’est la première étape pour mettre en place un climat d’intimité et de bienveillance avec son.sa partenaire. De même, le fait de sentir une gêne à l’idée d’être nu.e et regardé.e peut révéler une des causes possibles de vaginisme. Toute fois si cette étape est inconfortable pour toi, tu peux passer à la suivante, il n’y a aucune obligation.
Regarder c’est une façon de mieux appréhender et de dédramatiser la chose. C’est aussi l’occasion de prendre le temps de respirer puisque se préparer à une pénétration est quelque chose qui peut stresser énormément.
Se toucher (10min)
Se toucher ne se limite pas aux parties génitales, il faut mettre le corps en confiance : tu peux toucher l’autre mais aussi te toucher toi. La plupart des femmes trouvent inconfortables l’insertion d’un seul doigt, et préfèrent directement passer à deux doigts. Teste un, teste deux, teste trois, je pose juste ça là, c’est toi qui vois après. Dans un premier temps, ne cherche pas à insérer mais plutôt à appuyer, stimuler, caresser. Il faut aller vers ce qui te fait du bien donc prête attention à tes sensations.
La lubrification (10min)
Vaginisme ou pas, une sexualité pénétrative peut être douloureuse sans lubrification. Cette lubrification peut être accomplie grâce à du sexe oral (cunnilingus), du lubrifiant ou à une stimulation du clitoris pour favoriser la lubrification naturelle. En général je préconise les trois, d’autant plus lorsque tu utilises un préservatif.
La pénétration. (15min)
Il faut respirer en continu pour ne pas laisser ton corps se crisper. Tu peux décider de fonctionner par petites avancées : dès que le doigt ou le pénis de ton.ta partenaire avance, faites une pause dans cette position et observe tes réactions. Si c’est ok, vous pouvez continuer. Si ce n’est pas ok, n’attends pas son approbation pour arrêter.
Ici on parle d’une séance d’entrainement, il est donc possible d’utiliser les dilatateurs ou de tous les autres outils dont tu disposes pour guérir. Ça peut être très excitant pour ton.ta partenaire et ça peut rendre cette étape un peu difficile plus amusante pour toi.
Avec pénis. N’hésite pas à demander à ton partenaire qu’il caresse d’abord ta vulve avec son pénis : en commençant par le clitoris et en descendant doucement vers l’entrée de ton vagin. Ce n’est pas parce qu’insérer un doigt ne marche pas que la pénétration avec un pénis ne marchera pas non plus : des fois le corps se bloque à certaines choses et pas à d’autres.
Avec ou sans pénis. Mise sur la double stimulation : cette double stimulation peut être effectuée grâce à tes doigts ou ceux de ton.ta partenaire mais aussi grâce à un vibromasseur ou un aspirateur à clito. Ce sont deux sextoys qui vont largement faciliter la détente et le plaisir : ils vont ainsi te permettre de dissocier douleurs et sexualité pénétrative.
Cette séance ne vise pas à atteindre l’orgasme, simplement à faire des petits pas vers la guérison, et tu n’as pas à te culpabiliser si tu ne jouis pas. Pour ce qui est des positions à adopter, de la préparation en amont, j’ai déjà fait un article là-dessus que je te mets là.
Sur le moment, pour que ça marche, il faut que ton.ta partenaire te prévienne de chaque mouvement avant de les faire, pour que ton corps s’y prépare. Il faut éviter au maximum les mouvements brusques lors des premiers aller-retours. La pénétration s’arrête quand tu le décides, quelle que soit la raison. Ce n’est pas parce que ton partenaire a fini que le rapport doit s’arrêter, tu peux passer de l’étape pénétration à sexe oral sans soucis.
Débriefer, l’aftercare (20min)
Le terme aftercare est emprunté au BDSM et désigne le moment d’après : toi et ton.ta partenaire vous allez parler de ce qui s’est passé (mais avant allez aux toilettes, on ne veut pas de cystites). C’est, selon moi, le moment le plus important d’un rapport sexuel. De quoi on parle ? De ce qui a été fait, tenté, de ce qui a échoué, de ce que tu as aimé, de ce que tu as ressenti, et vice versa pour ton.ta partenaire. Quand tu fais du vaginisme, tu peux trembler après un rapport sexuel, c’est le moment pendant lequel tu vas prendre le temps de te calmer. C’est ce moment qui permettra d’orienter vos tentatives futures. N’hésite pas à lui faire lire l’article sur l'accompagnement d'une personne vaginique.
So on retient quoi ?
La séance fonctionne avec des étapes pour aller vers la pénétration mais ça ne veut pas dire que chaque acte sexuel ne peut être pratiqué comme une fin en soi. Tu peux faire des aller retours, arrêter et reprendre, y ajouter ce que ton.ta partenaire partagez de particulier : il n’y aucune règle, aucune limitation. Pour certaines personnes suivre une méthode aide beaucoup, parce qu’on peut facilement se sentir perdu. Pour d’autres, c’est au feeling et l’idée de marche à suivre est source de stress. C’est comme tu le sens, et tu peux très bien passer de l’un à l’autre.
Xoxo,
Maelle S.B
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