L’une des causes profondes du vaginisme peut être la peur de grandir. Pour comprendre pourquoi, cet article propose une réflexion autour de multiples questionnements : Pourquoi devenir adulte fait peur ? Comment cette peur est impactée par le genre ? Et quel rapport entre passage à l’âge adulte et vaginisme ?
Le Syndrome de celui qui ne veut pas grandir.
Pour commercer, qu’est-ce que le syndrome de Peter Pan ? Ce syndrome a été théorisé par le psychanalyste Dan Kiley en référence au film Disney : il désigne un individu incapable ou angoissé à l’idée de quitter l’enfance, exactement comme le personnage du dessin animé. Si ce syndrome ne peut être diagnostiqué à n’importe qui, il révèle cependant une peur collective, plus ou moins grande, liée au passage à l’âge adulte.
Dans de nombreuses cultures ou communautés, cette étape de la vie est marquée par un rite ou une fête. Elle est d’ailleurs plus généralement un sujet de création que ce soit au cinéma ou dans la littérature (Friends, Vierges, Keiro…). L’enjeu est alors de montrer les difficultés auxquelles se confrontent les adolescents qui se heurtent à la réalité du monde des adultes : premier emploi, premières factures, premier appartement et premières déceptions amoureuses. Dans l’imaginaire collectif, l’âge adulte est un cap à passer à partir duquel l’individu fait face à plus de responsabilités, bien que ces responsabilités soient aussi sources de plus d’indépendance et d’expérience.
Pour chacun des deux genres, il y a donc une certaine pression à grandir, mais pour les femmes, la pression semble particulière.
Une éducation différenciée selon le genre.
Si les séries en rapport avec le passage à l’âge adulte sont d’avantage destinées aux adolescents, les femmes sont quant à elle, propulsées bien plus tôt vers l’âge adulte. Enfants, elles sont déguisées en robe de mariée et jouent avec poussettes et bébés. A l’inverse, les garçons sont orientés vers des modèles faisant appel à l’imagination comme les superhéros. On dit et on attend souvent d’ailleurs des filles qu’elles soient plus matures que les garçons.
Mais au-delà du fait que la pression commence plus tôt, celle-ci se manifeste de différentes façons lorsqu’il s’agit de filles ou de garçons. Pour les garçons, il s’agit globalement de devenir un homme fort. Pour les filles, c’est plus compliqué. On associe les femmes à la douleur (des règles dans un premier temps puis de l’accouchement). Les petites filles sont élevées dans l’idée qu’elles auront à souffrir. Le message est clair : le statut de femme ne s’acquière pas sans difficulté.
Devenir une femme, c’est nécessairement perdre.
L’une des clés du passage adulte reste dans l’esprit général, l’acte sexuel. Il est donc naturel que des traces d’un syndrome de Peter Pan se manifeste dans le domaine de la sexualité. Là aussi, on observe un traitement différencié.
Pour les hommes, l’acte sexuel représente un acte de conquête qu’il faut accueillir avec une grande fierté. Or pour les femmes c’est l’exact opposé, la « virginité » apparaît comme quelque chose qui est pris, et l’acte sexuel représente donc une perte. Difficile d’attendre des petites filles qu’elles aient envie de devenir des femmes. Beaucoup de filles répètent ainsi souvent qu’elles préfèreraient être nées des garçons.
Moi je suis déjà grande, et les responsabilités j’en ai déjà des centaines.
La plupart des femmes vaginiques continuent de l’être, même l’âge adulte passé, alors comment l’expliquer ? Avant toute chose, il existe plusieurs causes profondes au vaginisme et il n’est pas nécessaire de cocher toutes les cases. Ce rappel fait, on peut supposer que les femmes vaginiques n’ont pas peur du passage à l’âge adulte sous toutes ses formes, et en tant que tel. Simplement, elles ont cristallisé leurs inquiétudes sur un des rites de passage (le rapport sexuel) et se sont fermées à lui.
Les vaginiques peuvent ainsi ne pas avoir peur de grandir, mais bien de devenir des femmes : parce c’est une condition qui représente énormément de contraintes. Ce blocage peut s’expliquer par une volonté de mise à distance de ce qui fait de la femme une femme dans les représentations collectives : à savoir, le fait d’être un être pénétré. C’est pour cette raison qu’elles se ferment à la pénétration.
Des sujets concrets sur lesquels méditer pour s’en sortir.
Dans mes solutions pour entamer une guérison seule, j’ai parlé du pouvoir d’écrire. Vous avez été nombreuses à me demander par où commencer, c’est pourquoi j’écrirai désormais à la fin de chaque article des pistes de réflexion claires pour vous aider. Alors concrètement sur quoi réfléchir pour dépasser ce « syndrome de Peter pan » ?
- Vous pouvez commencer à réfléchir sur le passage à l’âge adulte en lui-même : Comment je me représente mentalement le fait de grandir ? Et à quoi ai-je associé cette idée ?
- Puis sur la notion de femme : Qu’est-ce que ça signifie, ou qu’est-ce que ça a longtemps signifié pour moi de devenir une femme ? Est-ce que j’ai déjà rejeté cette identité ?
- Dans les prochains articles, l’un sera consacré aux relations mères filles, qui sont importantes dans la construction de sa propre identité, et l’image qu’on se fait de soi. Vous pouvez d’horse et déjà entamer cette réflexion sur la construction de soi : Avec quels modèles d’adultes j’ai grandi ? Ces modèles étaient-ils positifs, négatifs et ont-ils joué dans ma propre perception de ce que doit être un adulte ?
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