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Écrire pour guérir : le journal vaginique.



Lorsque j’ai pris la décision de guérir du vaginisme c’était à l’origine pour mettre un tampon. J’avais très peu conscience des risques, pour mon corps et pour la planète de cette petite chose blanche. Ce que je savais en revanche, c’est que ne pas pouvoir en mettre me différenciait des autres, et m’empêchait d’aller me baigner l’été. Je n’avais pas d’argent à mettre dans une psy, ou dans une rééducation du périnée. J’avais internet et ma personne. J’ai donc entamé une guérison seule, pas ou peu coûteuse, et l’écriture a été un outil clé.


Pourquoi écrire ?

Une séance chez la psy, qu’est-ce que c’est ? Un temps que l’on consacre exclusivement à parler, à extérioriser. Ce temps-là est facturé – parce qu’il faut bien que notre psy paye ses factures – mais le coût peut paraître, pour beaucoup de femmes, inenvisageable. Bonne nouvelle, c’est acte de parole peut se faire seule avec rien de plus qu’une feuille et un stylo. Écrire permet de produire un flot de pensée, d’idée. C’est ce flot qu’il faut analyser car il révèle souvent les blocages internes. C’est lorsqu’on formule les choses que ce soit à l’oral ou à l’écrit, que l’on parvient à les comprendre. Sans psy, il est difficile de trouver une ligne directrice, de penser à écrire régulièrement ou d’avoir des retours qui permettent d’aller plus loin. Mais c’est aussi sans psy qu’on se retrouve face à soi-même, et que l’on peut se reconnecter, sans peur du jugement, à ses blocages, ses failles, ses particularités. En solitaire, on n’est moins tenté de ressembler à autre chose qu’à soi, moins tenté de paraître désirable. Ça permet de se rendre compte de ce qu’on pense à demi-mots. Ça permet de faire le bilan.


De plus l’écriture a l’avantage de laisser une trace. Elle donne une idée d’où l’on a commencé, et des obstacles qui paraissaient alors insurmontables. Souvent lorsqu’une personne vaginique entame un processus de guérison, celle-ci oublie à quel point elle revient de loin. Avoir un carnet, on l’on note chaque avancée, chaque petit pas, est un bon moyen pour visualiser le chemin parcouru. Le carnet permet d’être fière de soi, et d’éprouver de la gratitude envers son corps, et ce qu’il est, chaque jour, capable de faire.


Écrire permet aussi d’intellectualiser son rapport au corps. On entend souvent dire que les femmes ont un rapport évident et naturel à leur intimité. Comme si elles comprenaient leur corps instinctivement, sans y réfléchir. Lorsqu’elles se tournent vers le système éducatif, le corps de la femme est loin d’être correctement expliqué – s’il est représenté entièrement, c’est-à-dire avec clitoris, c’est déjà une chance. Le corps est quelque chose qui se travaille, qui s’écoute, et le rapport que l’on entretient avec lui n’est pas neutre. L’intellectualiser signifie mettre des mots dessus, ne pas le prendre comme quelque chose qui existe simplement, mais une partie de soi à comprendre. Le corps ne peut pas être quelque chose que l’on subit, on peut dans une certaine mesure se l’approprier, et exercer un contrôle sur lui.


Comment écrire ?

La meilleure façon est pour moi d’avoir un petit carnet. Vous pouvez opter pour un journal intime, mais il paraît intéressant de le dissocier des réflexions quotidiennes, si vous en avez. Le carnet permet d’avoir un suivi, si vous préférez écrire sans y revenir ensuite, une feuille simple fera l’affaire. L’important est d’oublier toute gêne. Pour que l’écriture devienne naturelle et efficace, il vaut mieux qu’elle soit un acte régulier, comme une séance chez la psy finalement.


Quoi écrire ?

La question essentielle est évidemment de savoir ce qui peut être écrit pour permettre de guérir. Le vaginisme est étroitement lié à de nombreuses croyances et expériences qui impactent nos représentations de la sexualité. Pour guérir, il faut passer par la prise en considération de ces croyances afin de les évacuer. J’écris ici quelques pistes de réflexion, certaines feront l’objet d’un article entier. Mais tous mes articles tirés de la rubrique « réflexions » sont en eux-mêmes des sujets de réflexion.

Vous pouvez formuler tous les termes associés à la sexualité. Tout ce qui est source d’angoisse dans la pénétration, et dans l’acte sexuel pris dans sa globalité (caresses, préliminaires). Toutes les expériences traumatisantes vécues, et plus généralement toutes les expériences liées à son rapport à l’autre – certaines expériences peuvent apparaître insignifiantes mais sont en réalité fondamentales, surtout lorsqu’elles se cumulent.

Vous pouvez réfléchir sur la relation que l’on entretient avec sa mère, voire avec son père – un sentiment potentiel de leur devoir quelque chose ? La volonté de rendre les parents fiers ? N’hésitez pas à lister les principes avec lesquels vous avez grandi, ceux qui n’étaient pas questionnés, ceux liés à la religion, à la morale. Pensez aussi à ceux qui se révélaient être plus insidieux. Posez-vous la question des zones d’ombres de votre éducation, des silences, des non-dits, des tabous.

Vous pouvez vous questionner sur l’image que vous avez de vous, et la lier avec la sexualité : cette image pourrait-elle être compromise par l’acte sexuel ? Se poser la question de sa représentation de la virginité, puis de sa propre virginité. Le vaginisme peut entraîner des regains de pensées négatives, voire de douleurs. Il faut noter quand et à la suite de quoi, cela se produit. Quelles expériences, quels termes alimentent ses souvenirs ? Il faut enfin examiner son rapport avec la vulnérabilité : la sexualité peut être vécue comme un don de soi, une mise en danger, il est nécessaire de formuler pourquoi.


A chacun sa méthode.

Ce que je vous propose dans cet article c’est ma méthode. Si elle a marché pour moi, j’espère qu’elle le fera pour vous aussi. Mais elle n’est, après tout, qu’une méthode parmi tant d’autres. A vous de l’adapter à vos besoins : c’est en s’écoutant, que l’on parvient à vaincre le vaginisme.

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